
Près de 80% des exportations agricoles marocaines sont désormais couvertes par des certificats phytosanitaires électroniques (ePhytos) et 100% des échanges agricoles nécessitant un certificat phytosanitaire avec les États-Unis et l’Union européenne sont aujourd’hui numérisés.
Face aux contraintes de la documentation physique et conformément à la stratégie numérique du Maroc, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a adopté la solution ePhyto de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV). Cette plateforme permet aux pays d’échanger des certificats phytosanitaires électroniques de manière rapide, précise et économique. Mise en ligne en 2020, cette initiative a fait l’objet d’une récente étude d’impact.
Les certificats phytosanitaires sont des documents officiels délivrés par les gouvernements pour confirmer que les envois de végétaux et de produits végétaux sont exempts d’organismes nuisibles et de maladies. Ces certificats qui accompagnent la marchandise et se présentent généralement sous la forme de documents papier, sont transférés entre les différentes parties par la poste, par un service de messagerie ou par tout autre moyen. L’obtention de ces certificats peut nécessiter plusieurs jours et ces derniers sont exposés à un risque d’erreur ou de perte, ralentissant les échanges et entraînant la détérioration des marchandises, des frais de stockage supplémentaires et la frustration des clients et des administrations.

Avant avril 2020, malgré les efforts déployés par le gouvernement marocain, les exportateurs marocains de produits agroalimentaires devaient encore effectuer un voyage aller-retour pour se rendre dans les bureaux désignés et obtenir la documentation nécessaire, ce qui pouvait impliquer plusieurs heures de travail. Si les documents qui accompagnaient un envoi d’Agadir à Marseille ne correspondaient pas au poids spécifié ou divergeaient de toute autre manière, un certificat de remplacement devait être établi et envoyé par courrier express du Maroc en France, un processus qui pouvait prendre jusqu’à une semaine.
Les marchandises périssables, qui constituent l’essentiel des exportations du pays, s’exposaient alors à un risque de détérioration partielle ou même totale. Ces difficultés ont des répercussions disproportionnées sur les petits exportateurs agroalimentaires qui peuvent difficilement se permettre de telles pertes.
Collaboration pour une numérisation efficace
L’ONSSA a travaillé à numériser le processus de délivrance des certificats phytosanitaires en étroite collaboration avec le ministère de l’Industrie et du Commerce et le ministère de l’Agriculture. L’ONSSA a intégré le Maroc dans la solution ePhyto de la CIPV en connectant son Système d’information phytosanitaire (SIPS) à la plateforme de la CIPV permettant ainsi l’échange d’ePhytos. Un programme de gestion du changement avait été lancé en amont pour persuader les parties prenantes d’adopter le nouveau système, et comportait des réunions, des événements, des rencontres avec des organismes professionnels et des campagnes de courriels destinées au secteur privé. Ce dernier a d’ailleurs rapidement compris les avantages d’une adoption des ePhytos. Les fonctionnaires ont de leur côté accueilli favorablement cette réduction potentielle des formalités administratives, sans pour autant sacrifier les normes d’inspection.
Maroc, pionnier africain des ephytos
Depuis avril 2020, le Maroc est devenu le premier pays d’Afrique à mettre en œuvre la solution ePhyto de la CIPV. Au cours des 18 mois qui ont suivi, seuls les États-Unis ont utilisé plus d’ePhytos que le Maroc. Près de 80% des exportations agricoles marocaines sont désormais couvertes par des ePhytos. La documentation relative aux échanges nécessitant un certificat phytosanitaire avec l’Union européenne et les États-Unis, les deux principaux marchés du Maroc, est désormais numérisée. L’adoption de cette solution a permis au Maroc d’accéder de façon transparente au système TRACES, la plateforme en ligne de la Commission européenne pour la certification sanitaire et phytosanitaire, avec à la clé une certification unique pour un marché de près de 450 millions de personnes. Cette certification remplace avantageusement les accords bilatéraux conclus antérieurement avec les différents États membres. Chaque certificat ePhyto est donc synonyme d’économie de temps et d’argent. Si l’on extrapole les chiffres depuis le lancement, la certification numérique devrait permettre d’éliminer 82% du gaspillage alimentaire dû à l’ancienne procédure, avec des cargaisons de fruits et de légumes qui pourrissaient régulièrement sur des quais étouffants, tandis que les exportateurs attendaient la fin des formalités administratives. Résultat : des économies moyennes de 283 USD par conteneur et des économies annuelles de 43 millions USD.
La digitalisation gagne du terrain
L’adoption des ePhytos a modifié la dynamique du commerce agroalimentaire marocain qui représente 19% du produit intérieur brut et 16% des exportations totales et emploie 80% de la main-d’œuvre rurale et 21% de la main-d’œuvre industrielle. À l’avenir, cela pourrait encourager d’autres producteurs, notamment des micros, petites et moyennes entreprises (MPME), à se tourner vers l’export. La transmission électronique contribue à éliminer des délais coûteux. La bonne mise en œuvre de la solution ePhyto de la CIPV a incité d’autres pays en développement à suivre cet exemple. L’Alliance travaille actuellement sur des projets similaires dans d’autres pays en développement à travers le monde.
Un partenariat public-privé fructueux
Le partenariat entre l’ONSSA et l’Alliance mondiale pour la facilitation des échanges a été crucial pour la mise en œuvre de ce projet. Les entreprises ont participé activement à la formation et à l’adoption du nouveau système, renforçant ainsi la compétitivité du Maroc sur le marché international. Said Maghraoui Hassani, Directeur de la défense et de la réglementation commerciale au ministère de l’Industrie et du Commerce, a souligné : « Ce projet, qui a été mis en œuvre en partenariat avec l’Alliance mondiale pour la facilitation des échanges, contribue à accroître les exportations alimentaires du Maroc et profite à la fois aux producteurs de denrées alimentaires et à l’économie. Il est important de capitaliser sur cette relation et de développer d’autres projets tout aussi ambitieux qui ont un impact direct sur les MPME et renforcent encore plus la compétitivité du Maroc. »
Craig Fedchock, conseiller principal, chef de groupe ePhyto, CIPV, a ajouté : « Le partenariat entre l’Alliance et le secrétariat de la CIPV s’est traduit par une combinaison unique d’organisations internationales, d’administrations individuelles et d’entreprises du secteur privé qui ont uni leurs efforts afin de renforcer et d’améliorer l’environnement commercial offert aux producteurs et consommateurs de végétaux et de produits végétaux. »
Pour sa part, Laurent Thénégal, Directeur Douanes chez AZURA, a déclaré : « Le projet ePhyto a permis d’instaurer des échanges instantanés et sécurisés avec les points clés de notre chaîne logistique. Nous avons pu optimiser l’emploi des ressources associées aux procédures d’exportation, tout en assurant une meilleure qualité de service à nos clients. »
