
Le secteur des produits de la mer au Maroc s’impose aujourd’hui comme l’un des piliers stratégiques de l’économie nationale. Depuis le lancement de la stratégie « Halieutis » en 2009, le secteur halieutique contribue significativement à l’économie nationale avec 518 unités de transformation, plus de 260 000 emplois directs, une production de 1,42 million de tonnes et près de 31 milliards de dirhams d’exportations en 2023. Dans cette interview, Mme Zakia Driouich Sebbata secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, chargée de la Pêche maritime, aborde plusieurs thématiques essentielles: état des lieux du secteur, bilan des initiatives mises en œuvre, promotion des exportations et mesures pour garantir la durabilité face aux défis du changement climatique. Cheville ouvrière de la stratégie nationale, Mme Driouich partage son analyse des réalisations et des perspectives d’avenir pour soutenir la compétitivité du Maroc sur la scène internationale.
Comment décririez-vous le secteur des produits de la mer (PDM) au Maroc ?
Reconnu comme un pilier économique et social au Maroc, le secteur de la pêche maritime contribue à environ 1,1 % du PIB, avec une production de 1,42 million de tonnes en 2023 d’une valeur de 15,2 milliards de dirhams. Les exportations de produits de la mer ont atteint 31 milliards de dirhams, représentant 7 % des exportations nationales et 34 % des exportations agroalimentaires. Le Maroc se classe 13ème au niveau mondial et 1er en Afrique en termes de captures, grâce à une zone économique exclusive de plus d’un million de kilomètres carrés.
Le secteur s’appuie sur une flotte de pêche nationale comprenant 16 993 barques artisanales, 1 786 navires côtiers et 344 navires hauturiers. L’aquaculture marine enregistre également une forte croissance avec 1 719 tonnes produites en 2023 pour 139 millions de dirhams, marquant une hausse de 13 % en volume et 25 % en valeur, avec une progression record de 132 % en volume et 154 % en valeur sur les 11 premiers mois de 2024.
L’industrie de valorisation, composée de 518 unités de transformation et 311 unités de congélation, emploie plus de 130 000 personnes et exporte près de 60 % des captures vers 138 pays. En 2023, le secteur halieutique a généré plus de 260 000 emplois directs et environ 650 000 emplois indirects, bénéficiant à 3 à 4 millions d’habitants. La pêche artisanale, qui assure 24 % de la valeur de la production halieutique, mobilise 17 000 barques sur plus de 150 sites, créant environ 60 000 emplois directs.
Pour les 11 premiers mois de 2024, la production halieutique a atteint 1,3 million de tonnes d’une valeur de 15,6 milliards de dirhams, avec une légère baisse de 1 % en volume, mais une hausse de 7 % en valeur. Les exportations ont totalisé 704 000 tonnes, générant un chiffre d’affaires de 25,3 milliards de dirhams.
Quel est aujourd’hui le bilan d’étape du plan Halieutis ?
Le Plan Halieutis constitue la feuille de route stratégique pour le développement et la modernisation du secteur de la pêche au Maroc, avec un investissement global depuis sa mise en œuvre en 2007 dépassant les 8,35 milliards de dirhams, dont 1,55 milliard octroyé sous forme de subventions et d’aides. Cette stratégie vise à intégrer pleinement le secteur dans l’économie bleue mondiale, en s’appuyant sur une approche systémique favorisant les synergies entre les acteurs et l’exploitation durable des ressources marines.
Parmi les réalisations majeures, le programme de généralisation de la couverture sociale a permis, en 2022 et 2023, d’inclure les armateurs, propriétaires de barques artisanales, mareyeurs et exploitants aquacoles dans les régimes de couverture santé et d’assurance maladie, ainsi que dans les allocations familiales. En matière de sécurité en mer, deux navires de sauvetage respectant les normes internationales ont été acquis et affectés aux ports de Tanger et Dakhla. De plus, un programme d’équipement des barques artisanales des provinces du Sud en radiobalises et gilets de sauvetage a été mis en œuvre, avec une généralisation prévue à l’échelle nationale. Concernant les coopératives, 78 projets ont été cofinancés à travers un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI), accompagné d’un soutien technique et financier.
La recherche scientifique, pilier de cette stratégie, a bénéficié d’un investissement de 1,55 milliard de dirhams sur dix ans. L’Institut National de Recherche Halieutique (INRH) s’est vu doter de nouvelles infrastructures, dont un centre spécialisé à Tanger, deux laboratoires aquacoles à Amsa et Dakhla, ainsi qu’une ferme expérimentale à Sidi Ifni. À ce jour, plus de 30 plans d’aménagement ont été élaborés pour garantir la durabilité des ressources halieutiques.
Dans le cadre du Programme National pour le Développement de l’Économie Bleue, soutenu par la Banque Mondiale et le Ministère de l’Économie et des Finances, trois aires marines protégées à des fins de pêche sont en cours de création : deux sur la façade atlantique (Agadir et Larache) et une en Méditerranée (Cap des Trois Fourches). Une quatrième aire est prévue à Boujdour. Par ailleurs, la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) s’est intensifiée avec la mise en place de 18 plans régionaux, l’équipement des navires de pêche en balises de géolocalisation (VMS) et l’identification des barques artisanales via un système RFID.
L’aquaculture a également connu un essor significatif grâce à l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA), qui a identifié un potentiel de 24 000 hectares pour 1 500 unités aquacoles, avec une production attendue de 390 000 tonnes et la création de 6 300 emplois. À ce jour, 450 projets ont été initiés, dont 123 à caractère social. Le cadre réglementaire a été renforcé par l’adoption en 2023 d’une nouvelle loi régissant le secteur, complétée par des mesures incitatives fiscales et douanières.
En matière de commercialisation, 13 halles aux poissons, dont 2 en construction, 10 marchés de gros et 47 sites de débarquement ont été aménagés. Un réseau de marchés de détail est également en cours de développement, avec 2 marchés déjà réalisés et 5 autres en projet. Afin d’améliorer la qualité des produits, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre, notamment la digitalisation des ventes aux enchères, l’acquisition de contenants normalisés et l’installation de chambres froides.
Enfin, le parc Haliopolis d’Agadir, entièrement commercialisé, représente un investissement de 3 milliards de dirhams et devrait générer 5 500 emplois, tandis qu’un pôle de compétitivité des petits pélagiques dans le Sud et un pôle au Nord sont en cours de développement. Ces projets visent à renforcer la compétitivité de l’industrie halieutique marocaine et à promouvoir la visibilité des produits de la mer sur les marchés internationaux.
Quelle est la valeur des exportations de produits de la mer par principaux marchés ? (découpage par famille de produits/pays)
Les principaux marchés destinataires des exportations des produits de la mer du Maroc sont comme suit : (Données de l’année 2023 – Source : Office des changes)
Marché Chiffre d’affaires
à l’export (en MMDH)Part en % Union européenne 19,4 63% Afrique subsaharienne 3,8 12% Autre Europe 3,2 10% Asie 1,9 6% Amérique 1,8 6% Autres 0,9 3% Total 30,9 100%
En 2023, les exportations marocaines de produits de la mer ont couvert 138 pays, renforçant ainsi la position du Royaume comme principal exportateur mondial de conserves de sardines, de semi-conserves d’anchois et l’un des leaders mondiaux dans l’exportation de poulpe. Cette performance résulte des efforts du Secrétariat d’État en matière de promotion internationale, notamment par la stratégie de marketing institutionnel, l’éco-certification des pêcheries et la création du « Label Halieutique » garantissant la qualité des produits.
Les exportations se répartissent selon plusieurs familles de produits :
- Poisson congelé : représentant 49 % du chiffre d’affaires total, avec l’UE comme principal marché (77 %), suivie de l’Afrique (13 %) et de l’Asie (7 %).
- Conserves de poissons : représentant 21 % des exportations, les principaux débouchés sont l’UE (47 %), l’Afrique (30 %) et l’Amérique (11 %).
- Semi-conserves de poissons : représentant 7 % du chiffre d’affaires, avec l’UE (67 %) en tête, suivie de l’Amérique (12 %) et de l’Afrique (11 %).
- Huile de poisson : représentant également 7 % du chiffre d’affaires, exportée principalement vers d’autres pays européens (47 %), l’Amérique (21 %) et l’UE (19 %).
- Farine de poisson : représentant 7 % des exportations, essentiellement dirigée vers l’UE (46 %) et la Turquie (44 %).
Exportations des produits de la mer par activité et par marchés durant l’année 2023 (Valeur en milliers de dhs)

(*) PSSFS : Poisson Salé, Séché, Fumé ou en Saumure – Source : Office des changes
Comment ces exportations ont-elles évolué ces dernières années ?

Compte tenu des importantes potentialités du secteur de la pêche au Maroc, le Secrétariat d’État chargé de la Pêche Maritime a mis en place une stratégie visant à renforcer la contribution des exportations de produits de la mer au développement économique et social du pays. Cette stratégie repose sur le développement des industries de la pêche maritime, principal moteur des exportations, tout en veillant à préserver la durabilité des ressources halieutiques.
Grâce à ces efforts, les exportations marocaines de produits de la mer ont atteint un chiffre d’affaires record de 31 milliards de dirhams en 2023, soit 7 % des exportations nationales totales. Entre 2010 et 2023, les exportations ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 4 % en volume et 7 % en valeur, témoignant de la dynamique positive du secteur et de sa compétitivité accrue sur les marchés internationaux.

Quelles sont les principales contraintes réglementaires pour exporter ?
Le secteur des produits de la mer au Maroc ne fait face à aucune contrainte réglementaire majeure à l’export, grâce à l’amélioration continue des procédures et à la mise en place de dispositifs innovants. Le Secrétariat d’État, en collaboration avec les partenaires concernés, a œuvré pour faciliter les opérations d’exportation en procédant à la digitalisation complète du processus.
Parmi les initiatives clés figurent la plateforme Port Net, qui centralise les formalités portuaires, et le Statut d’exportateur agréé, délivré par l’Administration des Douanes, permettant aux entreprises de certifier elles-mêmes l’origine des marchandises. De plus, le système SAMAk, mis en place par le Secrétariat d’État, garantit la traçabilité numérique des captures et facilite la génération des documents requis pour l’exportation, renforçant ainsi la transparence et la crédibilité des produits marocains sur les marchés internationaux.
Quelles sont vos actions pour promouvoir et favoriser les exportations marocaines sur le marché international ?
Dans le cadre de la stratégie Halieutis, plusieurs mesures ont été entreprises pour promouvoir les exportations nationales de produits de la mer. Le Secrétariat d’État chargé de la Pêche Maritime a notamment mis en place un plan de marketing institutionnel visant à renforcer la visibilité des produits marocains sur les marchés porteurs.
Parmi les initiatives majeures, figure la création de pôles de compétitivité, dont le parc Haliopolis à Agadir sur une surface de 70 hectares (dont 55 hectares cessibles) qui a atteint un taux de commercialisation de 100 %, représentant un investissement de 3 milliards de dirhams et près de 5 500 emplois à terme. Un autre pôle de compétitivité dédié aux petits pélagiques est en cours de développement dans la région Sud, tandis qu’un pôle au Nord intégrera des actions d’animation, de formation et de recherche.
Par ailleurs, pour offrir un cadre réglementaire avantageux, des accords de libre-échange ont été signés avec des partenaires stratégiques, notamment l’Union européenne, les États-Unis, les Émirats arabes unis, ainsi que plusieurs pays arabes et africains (Arabie Saoudite, Mauritanie, Guinée, Sénégal). Ces accords permettent aux entreprises marocaines un accès préférentiel aux principaux marchés, ce qui a contribué à une forte progression des exportations. À titre d’exemple, le taux de couverture des importations par les exportations marocaines est de 1 629 % avec l’UE et de 7 864 % avec les USA.
Enfin, des efforts supplémentaires ont été déployés pour assurer la qualité des produits exportés, notamment par l’éco-certification des pêcheries et la création du Label Halieutique, garantissant une reconnaissance internationale de la qualité et de la traçabilité des produits de la mer marocains.
Pour vous, quelles sont les contraintes des produits de la mer au niveau de l’amont de la filière ? Quelles solutions conseilleriez-vous ?
La stratégie Halieutis a joué un rôle central dans le développement du secteur halieutique marocain à tous les niveaux, en mettant l’accent sur la gestion durable des ressources halieutiques, l’aménagement des infrastructures de débarquement et l’amélioration des conditions socio-professionnelles des marins, notamment grâce à la généralisation de la couverture sociale et aux programmes de formation.
Cependant, plusieurs défis subsistent, à commencer par le changement climatique, qui représente un enjeu majeur pour la durabilité du secteur. Pour y faire face, le Maroc a lancé l’initiative de la Ceinture Bleue lors de la COP 22, avec pour objectifs de répondre aux défis du climat, de préserver les océans et de promouvoir un développement durable de la pêche et de l’aquaculture. Parmi les projets phares figurent la pêche sentinelle, un programme où les pêcheurs jouent un rôle d’observateurs scientifiques, contribuant à la surveillance de l’écosystème marin et des ressources halieutiques. Face à l’ampleur mondiale de cette problématique, un renforcement des partenariats internationaux est essentiel.
Un autre défi concerne l’organisation du secteur. Une meilleure structuration à travers la création d’interprofessions est nécessaire pour permettre aux professionnels de mieux gérer les problématiques rencontrées et de participer activement au développement du secteur. À cet effet, le Secrétariat d’État chargé de la Pêche Maritime travaille sur la mise en place de ces instances, avec un focus particulier sur l’amont de la filière.

Face aux changements climatiques et à la raréfaction croissante des ressources marines, quelles sont les mesures spécifiques envisagées ou déjà mises en œuvre pour garantir la durabilité du secteur des produits de la mer au Maroc ?
Face aux pressions croissantes sur les océans, dues à la surexploitation des ressources, à la pollution, au recul de la biodiversité et au changement climatique, le Maroc a adopté une série de mesures dans le cadre de sa stratégie de développement durable et de l’initiative Ceinture Bleue. Ces actions visent à garantir un développement économique maritime responsable tout en protégeant les écosystèmes marins.
Une attention particulière est accordée à la gestion durable des pêcheries à travers l’instauration de plans d’aménagement incluant des mesures telles que l’interdiction de pêche dans les zones sensibles, le repos biologique pour préserver les périodes de ponte et de recrutement dans plusieurs pêcheries, ainsi que le suivi scientifique des stocks. Par ailleurs, les capacités de l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH) ont été renforcées pour mieux surveiller et étudier l’environnement marin.
Le Maroc a également entrepris la création de cinq aires marines protégées : Alboran, Massa, Mogador, Agadir et Boujdour, conformément à la loi n° 22-07 et son décret d’application de 2021. Trois parcs nationaux – Souss Massa, Khenifiss et Al Hoceima – ont été reclassés en aires protégées, tandis que les aires marines d’Agadir, Larache et Cap des Trois Fourches sont mises en place avec l’appui de la Banque Mondiale dans le cadre du programme de l’économie bleue.
En parallèle, les innovations dans les domaines de la technologie sous-marine, de l’imagerie, des capteurs et des données massives (big data) devraient avoir un impact majeur sur les secteurs liés à l’économie de la mer, tels que l’aquaculture, la transformation des produits de la pêche, ainsi que la construction et la réparation navales. Une forte croissance est attendue, notamment dans l’aquaculture, avec le développement de nouvelles unités de production et des activités à haute valeur ajoutée.
Cette approche intégrée, soutenue par les conventions internationales et la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), vise à renforcer la résilience des mers et des océans tout en favorisant la durabilité des ressources halieutiques et l’innovation.
Quels sont les segments de marché ou niches sur lesquels les produits marocains ont une carte à jouer ?
Les évolutions du marché international poussent le Maroc à adapter en permanence son offre exportable pour répondre à une demande de plus en plus diversifiée et exigeante. Tout en maintenant sa position sur les segments traditionnels, réputés pour la qualité et la valeur nutritionnelle des produits, le pays explore de nouveaux segments de niche offrant un potentiel significatif de croissance et de diversification.
Dans cette optique, le Secrétariat d’État chargé de la Pêche Maritime s’emploie à promouvoir l’investissement dans des produits de montée en gamme et de niche, tels que l’huile de poisson à consommation humaine et ses dérivés (comme l’oméga 3), les produits cuisinés (poulpe découpé cuit congelé), ainsi que les dérivés de poisson à forte valeur ajoutée comme l’hydrolysat de protéines, le collagène et les peptides, destinés aux secteurs des nutraceutiques et des cosmétiques. Cette orientation stratégique s’appuie sur un investissement moyen annuel de 800 millions de dirhams dans l’industrie de valorisation au cours des dix dernières années.
Pour renforcer sa compétitivité et mieux se positionner sur ces marchés spécifiques, le Secrétariat d’État prévoit de nouvelles mesures dans sa stratégie de développement pour les trois prochaines années. Ces initiatives incluront la réalisation d’études de marché, en partenariat avec les organisations professionnelles, afin d’identifier les marchés jugés prometteurs et d’y accroître la présence des produits marocains. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de positionner durablement le Maroc comme un hub international des filières de la mer et de préserver ses parts de marché tout en conquérant de nouveaux débouchés.
Quelles sont vos actions pour promouvoir et favoriser une meilleure valorisation des produits de la mer ?
Il ne fait aucun doute que développer la valorisation des produits de la mer et accroître leur compétitivité constitue un axe central pour soutenir l’offre exportable, contribuer à l’équilibre de la balance commerciale, encourager la consommation nationale des produits marocains et contribuer à la sécurité alimentaire du pays.
L’industrie de valorisation des produits de la mer au Maroc a enregistré une croissance continue au cours des dernières années, marquée par une augmentation notable du nombre d’unités, des investissements et de la compétitivité des produits. Le nombre d’unités est passé de 417 en 2010 à 518 en 2023, soit une hausse de 101 unités. Les investissements ont également connu une progression significative, passant de 248 millions de dirhams en 2010 à 930 millions de dirhams en 2023, représentant une croissance annuelle moyenne de 11 %.
En matière de compétitivité, les exportations de produits de la mer ont atteint 30,87 milliards de dirhams en 2023, contre 13,22 milliards de dirhams en 2010, soit une croissance annuelle moyenne de 7 % sur cette période. Cette performance a permis au Maroc de renforcer sa position de leader mondial, avec environ 175 produits exportés vers 138 pays.
Dans le cadre de cette dynamique, la stratégie sectorielle a mis l’accent sur l’innovation et la création de valeur ajoutée à travers un programme spécifique de soutien aux industries halieutiques. Ce programme vise à promouvoir des produits innovants, améliorer la compétitivité des entreprises, différencier l’offre marocaine et conquérir de nouveaux marchés.
Ainsi, plusieurs projets innovants ont été accompagnés techniquement, permettant :
- La mise au point industrielle de nouveaux produits (boulettes, beignets, salades marinées surgelées, huiles extraites à froid, farine de crevette…) ;
- La conception de plusieurs ateliers de transformation ;
- L’analyse de faisabilité économique de produits destinés au consommateur final ou à l’industrie.
Enfin, pour encourager la valorisation, les agréments sanitaires sont délivrés en privilégiant les activités à forte valeur ajoutée, afin de renforcer la compétitivité et l’attractivité du secteur sur le marché international.
Pouvez-vous nous récapituler les différentes actions concrètes entreprises au profit des opérateurs du secteur ? Qu’attendez-vous de ces derniers ?
De nombreuses actions concrètes ont été mises en place pour répondre aux besoins des opérateurs et encourager un développement durable du secteur de la pêche. Parmi elles, le programme Ibhar a permis la modernisation de la flotte de pêche avec 1161 bénéficiaires et une enveloppe budgétaire de 170,25 millions de dirhams, répartie comme suit :
- 938 canots artisanaux ont bénéficié de 5,3 millions de dirhams pour leur mise à niveau.
- 58 bateaux côtiers ont reçu 5,5 millions de dirhams.
- 165 bateaux côtiers ont été modernisés avec un financement de 159,3 millions de dirhams.
Le programme d’équipement des barques artisanales en caissons isothermes a permis d’atteindre un taux de couverture de 91 %, avec une distribution en cours pour les caissons restants. Par ailleurs, la généralisation de la couverture sociale pour les marins pêcheurs a été lancée, et le Programme national d’aménagement du littoral a permis la création et l’aménagement de 45 points de débarquement et villages de pêcheurs, dont deux sont en cours de réalisation et six en phase d’extension.
Le développement des infrastructures de commercialisation s’est poursuivi avec la construction de halles et marchés de gros de nouvelle génération et l’équipement des navires de pêche côtière et hauturière en balises de géolocalisation (VMS). De plus, une procédure de certification électronique des captures a été mise en place dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite (INN).
Pour améliorer la qualité des produits, environ 7 millions de contenants normalisés ont été mis en circulation dans les ports de pêche, en remplacement des caisses en bois et avec une meilleure utilisation de la glace. Le Secrétariat d’État a également lancé des initiatives pour augmenter l’approvisionnement des unités industrielles, notamment via la reconversion des unités de congélation de poulpe vers les petits pélagiques à Dakhla et Laâyoune, et l’attribution de quotas de pêche dans le cadre de projets intégrés.
La recherche a été mise à contribution grâce au centre spécialisé de valorisation et de technologie des produits de la mer, qui travaille sur des innovations telles que l’extraction de collagène à partir d’écailles de poisson, la valorisation enzymatique des huiles de poisson et la production de plats cuisinés à base de gonades. Un plan d’innovation des produits de la pêche est également en cours d’exécution, avec un accompagnement ciblé des professionnels.
En termes d’attentes, les intervenants du secteur sont appelés à maintenir des prix accessibles pour les consommateurs, assurer un approvisionnement équilibré des marchés à l’échelle régionale et renforcer la valorisation des produits transformés grâce à l’innovation. Ces efforts contribueront non seulement à la sécurité alimentaire nationale, mais aussi au positionnement compétitif du Maroc sur les marchés internationaux.
Quelle est la politique adoptée pour une gestion pérenne et durable de la ressource ?
La gestion et la protection des ressources halieutiques font partie des priorités stratégiques du Secrétariat d’Etat, à travers l’engagement dans ce chantier important visant à adopter une politique d’exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques. Cela se fait dans le cadre d’une approche scientifique, participative et responsable qui s’articule sur :
- Le renforcement des capacités de recherche scientifique : un volume important des investissements a été alloué à la recherche scientifique, en vue de renforcer les capacités de l’Institut National de Recherche Halieutique. Cela vise à suivre l’état des stocks et des captures de poissons, à surveiller l’état sanitaire et la sécurité de l’environnement marin, à mener des études océanographiques ainsi que les programmes de recherche et d’innovation dans le domaine de l’aquaculture et de la valorisation des produits de la mer.
- Une planification rigoureuse basée sur une analyse approfondie des ressources du secteur et de ses capacités, afin de préserver les stocks halieutiques et garantir une exploitation responsable des ressources maritimes. À cet égard, 96 % des pêcheries sont gérées de manière durable grâce à l’adoption de 30 plans de gestion des pêcheries axés sur les pêcheries les plus importantes. Ces plans ont été renforcés par l’adaptation des lois régissant ces pêcheries, conformément aux dispositions du décret n° 722-18-2 du 30 septembre 2019 relatif aux plans d’aménagement et de gestion des pêcheries.
Parcours :
Mme Zakia Driouich Sebbata est actuellement Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, chargée de la Pêche Maritime depuis octobre 2024, après avoir été Secrétaire Générale du Département de la Pêche Maritime au sein du même ministère. Elle a intégré le ministère de la Pêche Maritime quand ? et a progressivement gravi les échelons avant d’être promue Directrice des Industries de la Pêche en 2005. En 2008, elle a été nommée Directrice des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture. Elle a joué un rôle central dans l’élaboration des plans d’aménagement des ressources halieutiques, dans a modernisation de la flotte de pêche et dans la mise en place des procédures de suivi et de contrôle des unités de traitement des produits de la pêche.
En 2009, elle a occupé le poste de Vice-Présidente de l’ICCAT Brésil (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) et, en 2014, elle a été nommée Présidente de l’Accobams (Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente). Actuellement, elle préside la Délégation marocaine à l’ICCAT.
Mme Zakia Driouich Sebbata du Département de la Pêche Maritime a eu l’honneur de recevoir deux médailles de mérite de la FAO, en 1998 et en 2005, ainsi que le Trophée « WISTA Morocco Award » en 2016.